Cures de raisins ou jeûnes intermittents ?

Une interview due à Marion Kaplan, conférencière et diététicienne.

Jean-Yves Gauchet est vétérinaire à Toulouse, il est plutôt connu pour ses travaux de recherches sur le ronronnement des chats, mais il est également diététicien… pour nous les humains.

MK :

Qu’est ce qui a fait venir un vétérinaire sur le terrain de la diététique humaine ?

JY G :

Vous savez, nous les humains et nos compagnons carnivores, sommes dans la même barque, avec un fonctionnement digestif assez proche, et des conditions de nutrition (alimentation industrielle pour nous, pâtées et croquettes pour eux) avec les mêmes déséquilibres. Il y a désormais, proportionnellement, plus de chiens obèses que de maîtres, et les ennuis de diabète leur sont déjà en route …

Pour mieux soigner les animaux, j’ai approfondi mes connaissances sur nos métabolismes, en particulier ceux des sucres, dont ce terrible fructose qui envahit nos gamelles et nos assiettes. Et je me suis intéressé au jeûne, cette réponse évidente, facile et si efficace à nos outrances alimentaires…

Il y a 20 ans, avec un herboriste, Jean-François Astier, j’ai mis au point un protocole de tisanes pour des jeûnes limités à 36 heures, c’est à dire le temps pour évacuer les trop-pleins du conjonctif et des muscles, mais sans encore attaquer les graisses et tomber dans les problèmes cétoniques.

Et puis j’ai cherché à faire mieux, en proposant un support agréable, économique et efficace pour apporter les bienfaits des plantes jusque là proposées en tisanes. J’ai fait des essais avec de nombreux supports, surtout des fruits, et je suis resté sur le raisin.

MK :

Mais que je sache, le raisin, et en particulier les raisins secs, sont particulièrement énergétiques, riches en glucose et en fructose. N’y a t’il pas une sérieuse contradiction : Jeûner en absorbant des sucres ?

JY G :

Cette contradiction n’est qu’apparente. Depuis des siècles, en automne, des gens bien informés ont fait (et font encore) leur « cure de raisins » de plusieurs jours à plusieurs semaines. Des raisins frais, locaux, à raison de 2 à 3 kg par jour. Avec pour résultats une épuration de l’organisme, un rajeunissement du corps et des fonctions.

Il n’a jamais été rapporté d’accidents de glycémie, ou de prises de poids au cours de ces cures uvéales. En gros, les curistes font une belle moisson de nutriments frais (surtout des antioxydants), avec une charge énergétique d’environ 500Kcal par jour.

Retenez bien ce chiffre : 500 Kcal, c’est ce qui est désormais préconisé par les diététiciens qui se sont penchés sur le jeûne, dans le cadre de jeûnes intermittents de plusieurs jours (là, les protocoles ne manquent pas, j’en ai compté une dizaine).

Remplacer les raisins frais par des raisins secs, c’est un premier pas vers du plus pratique, plus économique, et sur toute l’année. Et ces raisins secs, on peut les « charger » en extraits végétaux puissants et adaptés aux besoins des curistes.

De fait, les raisins pris le matin (raisins toniques) sont imprégnés d’extrais EPS d’angélique, de noyer, de gentiane et de gingembre. A partir de 16 heures, changement de raisins, ils apporteront alors les effets apaisants de la valériane, du fenouil, du houblon et de la réglisse.

Les curistes vont en cours de journée picorer ces raisins, et je vous assure qu’il en faut très peu, moins de 150 grammes par jour.

MK :

Mais avec cet apport de 500 Kcal journalier, est ce qu’on peut encore parler de jeûne ?

JY G :

N’allons pas chicaner sur le terme … Je suis d’ailleurs critiqué par les puristes du jeûne, qui considèrent qu’un jeûne ne doit introduire aucun aliment énergétique.

Disons qu’actuellement, ce que les gens recherchent, ce n’est pas une performance physiologique, mais plutôt des protocoles souples de frugalité, qu’on peut intercaler dans la vie familiale et les contraintes professionnelles.

MK :

Quel a été le déclic pour lancer ces raisins de frugalité, comme vous dites ?

JY G ;

Oh, c’est parti d’un événement douloureux : j’ai suivi quelqu’un de très proche dans son séjour en Ehpad. La nourriture était diététiquement irréprochable, mais en fait immangeable. Tout sous forme de purées ou de mousses, avec les mêmes saveurs d’un jour à l’autre…

Je lui ai alors fourni des raisins chargés en plantes appétentes et toniques. Avec un résultat paradoxal : si la perte de poids était jugulée, le tonus mental renforcé, l’appétit lui ne démarrait pas. En fait, ces raisins étaient des coupe-faim … Et l’on est alors passé à une autre formule …

Mais cet effet coupe faim (largement décrit par les curistes uvéaux, je m’en suis aperçu plus tard) permettait de pratiquer des cures (si vous ne voulez pas du terme de jeûne) sans aucune contrainte de faim ou de fringale. La journée passe sans qu’on ressente une fois le besoin de se nourrir.

MK :

Ces raisins coupe faim, plus des extraits végétaux, c’est donc une phytothérapie particulière.

JY G :

Vous avez tout compris, c’est bien cela…

Revenons d’abord sur les 500 Kcal apportés quotidiennement par les raisins. Vont-ils aller dans le circuit corporel ? Eh bien non, pas du tout, ils vont rester dans l’intestin pour nourrir les bactéries du microbiote (et le raisin apporte en sus des fibres, c’est le repas complet), mais aussi pour nourrir les entérocytes, ces cellules de l’intestin qui sont en éternel renouvellement, et qui sont, pour leur propre compte, de grosses consommatrices de fructose.

Ainsi, cette énergie glucidique reste utilisée dans l’intestin, pour le reste du corps, c’est tout de même un jeûne véritable.

Et ce jeûne véritable, c’est un véritable repos métabolique : vous savez qu’en cours de digestion, 30% du sang  va dans les intestins, c’est autant en moins pour les muscles (les sportifs le savent bien, qui jeûnent juste avant une épreuve), c’est aussi autant en moins pour toutes nos glandes de détoxification, et pour notre cerveau qui s’endort après le repas …

Et c’est alors que la phytothérapie peut jouer son rôle à plein !

Les extraits de plantes, apportés au bon moment, s’expriment sur un organisme assaini, beaucoup plus réceptif.

Ce qui fait qu’on conjugue ainsi l’effet de frugalité avec une phytothérapie performante.

J’ai d’ailleurs décliné ce principe avec des « phytoraisins » aux objectifs bien plus précis qu’un simple jeûne, que j’ai appelé « frugalies ».

MK : Quel recul avez vous, et avec quelles perspectives ?

JY G :

C’est pour moi une activité annexe de ma profession de vétérinaire. Je fournis régulièrement des curistes fidèles et peut-être un jour, ces raisins deviendront une véritable entreprise …

Vous trouverez bien plus de renseignements sur le site internet suivant : http://theraps.fr/

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