Soins pour la trachée et les bronches (BPCO, asthme)

L’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) touchent ensemble 300 millions de personnes dans le monde. La principale source de morbidité et de mortalité des deux maladies est l’obstruction des voies respiratoires.

La détresse respiratoire est principalement due à l’obstruction du flux d’air dans les voies aériennes conductrices résultant de la constriction des bronches, de la production excessive de mucus et de l’inflammation des voies respiratoires orchestrée par des médiateurs cellulaires et sécrétés. Les présentations cliniques peuvent être gérées avec un degré de succès variable en utilisant les options thérapeutiques disponibles actuellement : corticoïdes et béta-agonistes. Cependant, l’état pathologique chronique des poumons entraîne un remodelage tissulaire (changements structurels importants du tissu pulmonaire), qui est difficile à inverser avec les interventions cliniques modernes.

On dans ces tissus enflammés trois types de cellules qui participent à ces pathologies:

  • les cellules lisses  qui gèrent le diamètre des voies respiratoires
  • les cellules immunitaires (leucocytes, lymphocytes, mastocytes) souvent présentes pour des raisons d’allergie ou d’infection.
  • les cellules épithéliales ciliées qui doivent évacuer le mucus et résister aux agressions bactériennes.

Depuis une quinzaine d’années, des recherches ont mis en évidence la présence de très nombreux récepteurs d’amertume dans chacun  de ces tissus. Et si tous les sous-types de T2R n’ont pas encore été identifiés, on a pu pour chacun de ces tissus, collecter une liste de récepteurs qui répondent efficacement à des agonistes amers. 

Chez les cellules épithéliales ciliées, les récepteurs d’amer entraînent la production de NO antibactérien et l’ondulation accrue des cils vibratiles pour évacuer le mucus. Chez les cellules immunitaires, on notera un arrêt de leur multiplication, de leur migration, de leur production d’histamine. Chez les cellules musculaires lisses, un effet de relaxation et une diminution de leur prolifération, cause de fibrose.

Ces études ont été menées avec des amers très puissants (strychnine, yohimbine, denatonium, colchicine) et difficiles à envisager comme remèdes pour ces pathologies respiratoires. Heureusement, le fait d’avoir identifié ces récepteurs permet de concevoir des actions avec des substances amères d’origine végétale, bien connues dans leur métabolisme, comme la gentiane, le houblon, le thé (et bien d’autres).

Exemple: le TAS2R14 est à la fois présent sur les cellules musculaires, sur les leucocytes et sur les mastocytes, alors que d’autres études ont démontré  que ce même TAS2R14 réagit à la quinine, à l’épicatéchine (thé vert), à la caféine et au houblon…. Voici donc quelques amers naturels, sans dangers, qu’on peut envisager pour réguler des inflammations respiratoires chroniques.

Effets fonctionnels de la stimulation des récepteurs d’amertume

Des dizaines d’études font apparaître une action immédiate de relâchement des muscles lisses, et une amélioration du calibre des voies respiratoires. Ainsi il a été démontré que la quinine et la chloroquine peuvent inverser la contraction induite par l’acétylcholine (ACh) et la sérotonine, mais également que la chloroquine peut détendre les voies respiratoires humaines contractées avec l’histamine ou le carbachol. Ces mêmes agonistes amers ont une action de suppression de la prolifération de ces cellules musculaires due à leur inflammation, ce qui à plus long terme va diminuer le phénomène de fibrose qui invalide les malades tant de la BPCO que de l’asthme. En effet, l’inflammation des voies respiratoires, le remodelage des voies respiratoires constitue une caractéristique cruciale de l’asthme et des maladies pulmonaires obstructives chroniques. Le remodelage est marqué par l’épaississement accru des parois résultant de la prolifération cellulaire sous-jacente. Le remodelage rend les voies aériennes conductrices réfractaires aux traitements bronchodilatateurs actuellement prescrits. 

Concernant les cellules ciliées épithéliales, et comme dans les voies respiratoires supérieures (voir plus haut), les substances amères entraînent une production locale de gaz NO qui se répand dans tout le tissu environnant et assure une efficacité bactéricide immédiate. Mais également un dynamisme des cils vibratiles qui évacuent à la fois le mucus et les bactéries qui y sont engluées. 

L’inflammation des tissus respiratoires provoque la migration et la prolifération de divers types de cellules immunitaires qui de fait entretiennent ou renchérissent cette inflammation (en particulier lors de bronchites allergiques). Chaque type de cellule (leucocytes, lymphocytes, mastocytes) présente son propre éventail de récepteurs d’amertume, mais en testant plusieurs agonistes amers, on a bien mis en évidence les bienfaits de leur action. Dans les mastocytes humains primaires activés par les récepteurs IgE, les agonistes TAS2R inhibent la libération d’histamine et de prostaglandine D2, mais également la libération de multiples cytokines pro-inflammatoires et d’eicosanoïdes dans les leucocytes sanguins humains. Les substances au goût amer (comme la chloroquine, la colchicine, l’érythromycine ou l’ofloxacine) peuvent inhiber la libération de cytokines par les macrophages tissulaires, les lignées cellulaires dérivées de myéloïdes, les monocytes circulants et les macrophages/cellules dendritiques dérivés de monocytes.

Une telle action anti-inflammatoire robuste soulage immédiatement les tissus impliqués, mais également permet la mise en route d’une tolérance immunitaire

Action sur la perméabilité des tissus pulmonaires

L’une des caractéristiques du syndrome de détresse respiratoire aiguë est une augmentation excessive de la perméabilité vasculaire pulmonaire: la perte d’intégrité de la barrière est médiée par le désassemblage des contacts entre cellules et le remodelage de l’actine qui en assure la cohésion. On note alors une augmentation de la perméabilité endothéliale pulmonaire, associée au développement d’un œdème pulmonaire chez ces patients 

Il a été montré que deux récepteurs d’amertume (T2R10 et  T2R38), agissent pour protéger l’endothélium contre une rupture de barrière induite artificiellement par des LPS. On notera au passage que cette détresse respiratoire, un symptôme phare des malades du covid, est susceptible d’être enrayée par la molécule amère chloroquine …