Une interview due à Marion Kaplan, conférencière et diététicienne.
Jean-Yves Gauchet est vétérinaire à Toulouse, il est plutôt connu pour ses travaux de recherches sur le ronronnement des chats, mais il est également diététicien… pour nous les humains.
L’inflammation est un processus immunitaire normal qui aide à combattre les agressions. Une fois l’agression soulagée, l’inflammation disparaît d’elle-même.
Mais en cas de stress répétés sur l’organisme (mauvaise alimentation, manque d’activité physique…) l’organisme peut subir en permanence un état inflammatoire. C’est l’inflammation chronique.
En plus de générer d’importantes douleurs, une inflammation chronique peut favoriser l’apparition de maladies graves : maladies cardiovasculaires, obésité, cancers, maladies intestinales inflammatoires (colite, maladie de Crohn), etc.
Or une étude récente publiée dans Cell suggère que jeûner est efficace contre l’inflammation chronique.
Les chercheurs ont découvert que le jeûne intermittent réduit l’inflammation et améliore les maladies inflammatoires chroniques sans affecter la réponse du système immunitaire aux infections aiguës.
Des études précédentes avaient déjà montré qu’une restriction calorique améliorait les maladies inflammatoires et auto-immunes. Les mécanismes par lesquels l’apport calorique module l’inflammation demeurent cependant méconnus.
Pour les comprendre, les chercheurs ont travaillé sur des cellules immunitaires humaines et de souris, soumises à 19 heures de jeûne. Ils ont montré que le jeûne intermittent réduisait la libération de cellules pro-inflammatoires appelées « monocytes », dans la circulation sanguine. Pendant le jeûne, ces cellules se mettent en veille et enflamment donc moins que les monocytes des personnes qui mangent « normalement ».
Plutôt que l’aspirine ou le paracétamol, le jeûne intermittent se présente, on le sait maintenant, comme un remède qui guérit ces douleurs inflammatoires.
Précision: pour les douleurs violentes purement neurologiques (migraines, zonas, SEP, Sida, etc), les remèdes spécifiques puissants sont bien sûr obligatoires.
Dans l’esprit de la nutrition traditionnelle, le jeûne constitue une épreuve au cours de laquelle l’organisme s’endort, par manque d’énergie, et où l’esprit patine, d’où cette réputation de cure dangereuse.
Le repos alimentaire entraîne un chamboulement de tous les mécanismes hormonaux, nerveux et métaboliques. Mais pas un chamboulement dommageable qui pourrait rendre malade, non, mais plutôt un chamboulement constructif qui “reboute” l’organisme dans une nouvelle voie de santé.
Dès les premières heures du jeûne, les réserves de glycogène du foie étant épuisées, on note une baisse de production de l’insuline, et une montée en flèche de production d’hormone de croissance. Avec deux conséquences immédiates: une fonte des graisses (limitée au départ) et une activation des synthèses de protéines: les “culturistes” le savent bien, qui utilisent le jeûne intermittent pour liquider leur moindre parcelle de gras et augmenter leur masse musculaire. Bon, c’est leur problème et ce n’est pas forcément un bon exemple…
Autre changement: une production accrue par les surrénales, de noradrénaline, ce qui va entraîner une meilleure vigilance et une bonne efficacité au travail.
On note également un repositionnement du cycle circadien, lequel gère toutes nos productions hormonales et leurs conséquences métaboliques. Notre appétit, nos besoins en nourriture, sont instinctivement reliés au cycle journalier, lequel est malmené de nos jours par les écrans, l’accumulation de grignotages, les bruits et le manque de sommeil. Recaler le cycle, c’est reprendre des parts de sommeil et c’est ressentir les besoins de nourriture au moment où l’organisme saura réellement en profiter , et non pas en subir.
Le cerveau lui-même est directement impacté par le jeûne, même sur de courtes périodes: une production accrue de BDNF, un facteur de croissance spécifique, permet une production de nouveaux neurones et un meilleur appareillage (contacts synaptiques) entre eux: tout bénéfice pour l’attention, la mémoire, mais aussi une capacité de retarder les problèmes de dégénérescence cérébrale (sénilité, AltzeimeParkinson, etc).
Pour finir (mais on en découvre tous les jours), on note une diminution rapide des marqueurs de l’inflammation. Or de nombreuses pathologies chroniques très mal soignées sont dues en amont à un contexte inflammatoire et immunologique non contrôlé. Le jeûne intermittent prend toute sa place pour gérer ces types de pathologies.
Les raisins secs cumulent non seulement les bienfaits du frais, mais en procurent également d’autres. Toutefois, ils sont plus caloriques que les raisins frais (très sucrés, ils sont à consommer avec précaution par les personnes devant surveiller leur taux de sucre): approximativement 4 fois plus (environ 350 calories pour 100g de raisins secs).
Lors de la prise de raisins secs dans le cadre des jeûnes, l’action “coupe-faim” permet de passer la journée avec seulement 60 à 80 grammes de raisins, soit avec les quelques soupes ou tisanes prises en accompagnement, ne font pas dépasser les 500 calories dans la journée: on nourrit sa flore intestinale et ses entérocytes, mais on impose un repos complet au foie et au pancréas… le grand débarras peut commencer…
Mais ils contiennent également une proportion quadruplée d’oligoéléments : calcium, fer, magnésium et potassium (combat l’hypertension)… de sels minéraux et de glucides, ainsi que des vitamines (sauf vitamine C), notamment B. Ses fibres (les pépins de raisin sont riches en pectine), dont il est généreux, sont fort bien tolérées par l’organisme et ont une action favorable sur le système gastro-intestinal et le côlon.
Ce fruit sec, concentré en polyphénols, est recommandé notamment pour ses qualités anti-oxydantes préservant le système cardio-vasculaire (réduction du mauvais cholestérol). Il permet également d’éviter fatigue musculaire, crampes… et est donc conseillé aux sportifs (car il facilite une récupération rapide), mais aussi aux personnes sujettes à l’obésité abdominale. Le raisin rouge est d’ailleurs deux fois plus pourvu en substances (donc plus efficace que le raisin blanc).
Les raisins utilisés pour les cures de frugalité sont des raisins bio de type sultanine ou thompson, qui sont les plus riches en polyphénols.
Les mono-diètes sont des
cures alimentaires qui permettent une pause salutaire à des organismes
encombrés et malades.
Avec un apport calorique minimal, et un travail métabolique
canalisé à une seule tâche, le corps se met au repos, tout en éliminant
efficacement les trop pleins de graisses et de toxines diverses.
Depuis l’antiquité,
les raisins ont été la base de cures uvéales, limitées à l’automne, mais
très pratiquées dans le monde Romain, mais également au Moyen-Age.
Deux kilos de grappes
comme tout apport, c’est l’assurance de drainer et revivifier des curistes en
alcalinifiant le sang, en apportant les fibres digestives et les sels minéraux convenables,
mais aussi les puissants antioxydants que sont les flavonoïdes, la vitamine C,
les tannins, les vitamines A, B et K.
Ce sont des cures de 3 jours qu’on peut renouveler trois
fois durant la saison.
Mais d’autres végétaux peuvent également servir de base
diététique pour des mono diètes : la pomme, l’ananas, les fraises, les algues,
le citron, le riz, et même les baies de genièvre !
Mais la monocure la plus efficace et la plus plaisante à pratiquer est la cure de raisins.
Afin de pouvoir la pratiquer toute l’année, le Dr Gauchet a
imaginé et développé le concept de raisins secs dopés aux extraits végétaux,
choisis bien sûr pour leur efficacité et leur sécurité d’emploi.
On les utilise comme les raisins fraichement cueillis,
pendant 24 à 48 heures d’affilée, ce qui constitue des jeûnes intermittents
très profitables.
Il n’y a pas de
contre-indication stricte pour des jeûnes intermittents qui ne font
qu’écorner nos outrances métaboliques.
Dans le cadre d’une grossesse,
une femme peut (et c’est même important de la faire) jeûner régulièrement quelques mois avant la conception, elle
attaquera sa gestation épurée et en pleine capacité tant hormonale, que mentale
et métabolique.
Dès que la grossesse
a commencé, elle doit accompagner la croissance de son futur bébé avec une
bonne alimentation quotidienne, donc là, plus de jeûne !
Mêmes recommandations pour les enfants jusqu’à
l’adolescence, leur croissance avant tout … si possible avec des nutriments
sains et équilibrés…
Le jeûne est en
principe déconseillé aux diabétiques dont la maladie est mal normalisée.
C’est pourtant le meilleur moyen de relancer le pancréas et de laisser reposer
l’organisme de ses excès en sucres. Jeûner
alors par petites touches, avec
précaution !
Autres sujets de méfiance : les troubles du
comportement alimentaire, en particulier l’anorexie.
Le problème n’est pas métabolique, mais mental, et un jeûne ne pourrait que
renforcer une perturbation grave.
Et les personnes très
âgées ? Beaucoup sont en état de déshydratation chronique, voire de
dénutrition. Les causes ? Un mode de vie trop sédentaire, trop de
médicaments, une alimentation négligée. Le jeûne pourrait servir de cure
« détox » salvatrice, mais le corps médical est farouchement contre,
et il est vrai que c’est tenter une épreuve dans l’épreuve …