Que vient faire cette particularité nerveuse dans cet ouvrage sur les molécules amères ? De fait, les chercheurs en neurologie et les diététiciens fonctionnent dans des mondes séparés. Hé bien dans cet ouvrage, nous allons réunir leurs savoirs …
Notre organisme est en permanence sous le contrôle d’un système nerveux dit autonome, en ce sens qu’il ne dépend pas de notre volonté en faisant agir un double circuit de sensibilité et d’action, les systèmes ortho et parasympathique. Chez ce dernier, l’essentiel des tâches est le fait d’un nerf unique, quoique très ramifié : le nerf vague. Tous nos organes, toutes nos fonctions, sont sous surveillance et sous l’action régulatrice et apaisante du nerf vague.
De l’intérêt d’activer son nerf vague.
Comme vu plus haut, l’action du vague est une « pédale douce » pour maitriser diverses fonctions physiologiques vitales, de manière totalement involontaire, mais en laissant le cerveau supérieur ressentir et réagir lui, de façon volontaire. Exemple : le vague va limiter notre appétit, donc notre glycémie de façon involontaire, mais devant un éclair au chocolat, nous voilà partis à engloutir la pâtisserie. De façon bien sûr résolue, voire répétitive…
A -La sollicitation par les substances amères
Il nous faut faire un rappel d’anatomie sur les trajets nerveux issus des récepteurs de goût. Concernant les odeurs et les saveurs, il existe (nous allons faire simple) trois voies nerveuses principales :
-la voie olfactive directe, à partir du bulbe olfactif de la cavité nasale, et qui va directement renseigner le thalamus. Sur le schéma en violet. Elle ne véhicule que les sensations olfactives.
–la voie du trijumeau. Ce nerf très ramifié e), prend ses informations depuis plusieurs organes de la face, en particulier la langue, le palais et le pharynx. Ce sont les sensations gustatives, déclenchées par les récepteurs du goût, qui vont se regrouper en un ganglion (dit de Glosser) avant de continuer jusqu’au thalamus, où toutes ces sensations seront analysées avec l’apport de l’amygdale (qui y adjoint des valeurs d’émotion), et l’hippocampe, qui enrobe ces informations de souvenirs heureux ou malheureux. C’est dans le thalamus que se dessine une « carte d’identité » de chaque saveur, avec en perspective des décisions volontaires à mettre en œuvre : insister pour goûter davantage, rajouter de l’eau pour diluer une sauce, s’enquérir du prix d’une bouteille de ce nectar…
- La voie du nerf vague. Là, nous sommes dans le vif du sujet. Car ce nerf vague est on ne peut plus complexe et (voir plus haut), il tient de nombreux rôles à la fois.
- Au niveau des organes du goût, le nerf vague (ou nerf dix, ou X) perçoit les informations issues de la langue, du palais et du pharynx, les zones de l’organisme les plus riches en récepteurs gustatifs (en vert sur le schéma). Les différents rameaux du vague se réunissent pour former les ganglions supérieurs, puis parviennent an noyau dorsal du tronc cérébral. Rappelons-le, le tronc cérébral n’est pas un organe d’intelligence, c’est le cerveau primitif des premiers vertébrés qui règle en permanence nos fonctions vitales en fonction de renseignements qu’il collecte dans tout le corps.
- Par déférence (et parce que l’Evolution l’a établi ainsi), le vague va tout de même renseigner le thalamus de ses informations collectées dans la bouche. Mais, et c’est son rôle absolu, le vague va faire réagir directement l’ensemble des organes du corps dont il a la maîtrise.
Ainsi, les sensations de l’amertume qui sont des messages d’alerte, sont en mesure d’avoir par le nerf vague des répercussions dans tout l’organisme, et le plus souvent dans un sens d’apaisement et de soulagement.